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Funkyss' way.
30 novembre 2005

On pourra toujours mentir.

festiv_alter

Ils étaient quatre. Tous la quarantaine passée, ils dégustaient un merveilleux repas dans un de ces restaurants faussement chaleureux, à la carte aux noms compliqués, aux prix prohibitifs, à la cuisine excellente. Ils discutaient de ce que peuvent discuter des gens de leur âge. Ils se connaissaient depuis longue date, et en conséquence, parlaient fort, se donnaient de grandes claques sur l'épaule, riaient. Comme de vieux amis, en somme. Quelques bouteilles circulèrent sur la table. C'était un vrai repas.
Ils décidèrent de partir sans payer, comme ça, pour le plaisir. Ils partirent du restaurant en courant, renversant les assiettes des pauvres couples qui avaient eu la mauvaise idée de passer la soirée ici. Ils sortirent, donc, et coururent jusqu'à plus soif. Ils achetèrent donc une bouteille de bon whisky à l'épicier de nuit, dont ils se moquèrent allègrement. Ils s'amusaient comme des petits fous. Comme de vieux amis, en somme.
Ils marchèrent dans la rue, aux pavès mouillés par une pluie fine mais déterminée. Ils se racontaient des choses insignifiantes qui leur semblaient d'une grande importance. Ils finirent la bouteille et la nuit était bien avancée. Un jeune, tout ce qu'il y a de plus jeune, pantalon trop long, pull trop difforme, écharpe trop grande, bonnet ridicule avec un pompon, chaussures de sport hors de prix au pied, les croisa. Il leur jeta un regard furtif, interpellé par cette bande de vieux amis.
Le coup d'oeil dura une fraction de seconde, suffisamment pour éveiller l'attention de nos joyeux lurons. Le plus extraverti héla le june homme, débitant un flot continu d'injures. Pour rire, semblait-il. Le jeune ne s'arrêta pas. Les compères coururent, encore une fois, puis s'abattirent sur le jeune. Ils le rouèrent de coup en riant. Comme de vieux amis, en somme.
Quelques minutes plus tard, le jeune ne bougeait plus. La bande des quatres se regarda, s'épia, quand l'un d'eux dit : "On pourra toujours mentir".
Ils partirent alors en gloussant, laissant derrière eux l'image de ce qu'ils ne seront plus jamais.

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