Banlieue
En feu?
Non, bien sûr. Affaire de quelques énergumènes échevelés, jouant au petit nihiliste en herbe. Imaginez un peu : des pauvres, des étrangers, de la misère, de la saleté, de l'ennui, de la télévision. Quelle horreur. Aucune excuse pour ces casseurs. Rien, nada.
Aucune excuse pour ceux qui ne disent rien, qui n'ont même plus la force de la rage, qui ont pour seul espoir celui de s'éteindre. Pire que des voitures brûlées. J'admire et je hais ces gens qui font preuve d'une abnégation extraordinaire. En vain. Comment une telle impassibilité est possible devant l'éducation que leurs enfants n'auront jamais, devant l'étalage indécent de nos vices bourgeois à intérieur de la boîte aux images qui bougent, devant ces emplois créés pour eux qu'ils n'auront jamais, devant le gris du béton, un gris noir à n'en plus finir.
Même les artistes sont morts. Les rappeurs français talentueux sont bourgeois. Enfin, je dis ça, peut-être parce que j'en suis un...
Faites du bruit, "de la musique et du bruit", créez, imaginez, changez, emportez-nous avec vous dans ce monde infâme qu'est le vôtre, et rendez-le nous indispensable, faites le vivre. Mais par pitié, ne nous laissez pas vous tuer, ne vous laissez pas mourir.
Que la peur soit bannie, que vienne le temps de la curiosité.