Quotidien d'une araignée d'appartement.

17 novembre 2005

Quotidien d'une araignée d'appartement.

Je viens de me faire virer de mon bout de plafond. Je l'ai mauvaise. Direction sous le canapé. Ces vandales ont bousillé ma toile, tissée amoureusement, une oeuvre d'art, j'vous dis. Mais ils n'ont aucun goût, les membres de cette espèce là.
Bon, voyons voir...entre ce coin-ci, et la bordure, j'ai environ 20 cm, ça sera suffisant. Allez, on se remet au travail. Et vite, j'ai faim.
Un tour, puis deux, puis trois... Mon Dieu, que cette condition est déprimante. Ma vie se résume à tisser, enrouler, manger, attendre. Activons, mon ventre se creuse.
Ouf, fini. C'est moche, mais difficile de faire mieux que cet hexagone informe sous un foutu canapé. Maudits humains. Attendons la première secousse, il faut que je mange, un moucheron, une punaise, même un cafard, peu importe. Ensuite, je partirai. Loin.
ting. Et voilà. Courons, vite! Il ne faut pas qu'il puisse ressortir, ma colle est de mauvaise qualité en ce moment. Je dois être cyclothymique. Ah, excellent, une petite mouche, une droso, un rapide coup de dard, et hop s'en est fini.
Maintenant rassasiée, que fais-je? Comme j'envie celles qui vivent dans les forêts, sans autre souci que les oiseaux, sans balai, ni semelles en cuir, ni même tapettes à mouche. Se faire tuer par une tapette à mouche, le comble! Faut que je me tire.
Direction l'escalier, passer sous la porte, c'est facile, descendre les marches, avec mon fil miracle, un jeu d'enfant. hop, hop, me voilà sur le béton. Tout droit vers le nord, maintenant.
Et merde, un chewing-gum. Ca sert à quoi d'avoir des yeux avec des milliers de facettes pour ne pas voir ces foutus chewing-gum? Mais c'est qu'il est coriace, difficile de s'en dépétrer, de cette fichue colle artificielle. Oh non, une ombre arrondie se profile sous moi. Pointure 46.
Monde ironique et cruel.